Écrits sur l’Histoire et la Société d’Asie du Sud
sous la direction de Ranajit Guha (Oxford University Press, Delhi 1985)
- David Arnold Recrutement bureaucratique et subordination dans l’Inde coloniale : la police (« Constabulary ») de Madras 1859-1947.
- Ramachandra Guha Sylviculture et protestation sociale dans le Kumaon Britannique 1893-1921
- Swapan Dasgupta Politique Adivasi à Midnapur 1760-1924
- Tanika Sarkar Le mouvement de Jitu Santal a Malda : 1924-1932 : étude sur un mouvement de protestation tribal.
- David Hardiman De la coutume au crime : les politiques de la boisson dans le sud du Gujarat colonial.
- Gautham Bhadra Quatre rebelles de dix huit cent cinquante sept
- Bernard S. Cohn L’ordre du langage et le langage de l’ordre
- Gayatri Chakravorty Spivak Subaltern studies : déconstruire l’historiographie
- Dipesh Chakrabarty Invitation à un dialogue
Préface :
Les Subaltern Studiesétaient conçues au départ pour être une série de trois volumes. Mais il semble qu’il y a eu suffisamment d’intérêt pour cette publication parmi les chercheurs sur l’Asie du Sud, en Inde et au-delà, pour justifier la poursuite du projet. Nous avons particulièrement été encouragés par la réaction de la jeune génération d’universitaires, particulièrement les jeunes chercheurs, diplômés et étudiants. Ce n’est pas nécessairement une réaction approbatrice mais plutôt une réponse de ceux qui reconnaissent dans notre travail des doutes et incertitudes similaires à ceux qui stimulent leurs propres recherches, et le même genre de maladresses qui caractérisent notre effort pour les affronter. Cette solidarité, qui n’est pas a-critique, est plus importante pour nous que les bénédictions offertes usuellement comme extreme onction par les pontes académiques.
Mais, ce sont ces mêmes doutes et incertitudes qui nous ont causé des problèmes avec les vendeurs de réponses toutes prêtes. En disant cela, nous n’avons pas à l’esprit la réaction maniaque de, disons, le critique de Delhi, qui, à la publication de chaque volume, est allé faire le tour du pâté de maison, notre revue à la main en criant, comme le veilleur de nuit fou du récit de Tagore, ‘sab jhuta hai !sab jhuta hai ! Non, certains universitaires sérieux, qui ont vécu trop longtemps avec des idées et des méthodologies routinières, trouvent dérangeant que tant de nouvelles questions soient posées au sujet de problèmes supposés étudiés, résolus et abandonnés. C’est également, voire davantage, dérangeant que nous posions souvent des questions sans y répondre, puisque cela viole le catéchisme des conventions tenu pour sacré dans l’enseignement universitaire. Car rien ne remet plus en question les procédures établies de la connaissance, que le postulat que des questions ne sont pas validés dans tous les cas par leurs réponses, et, qu’au contraire, un tel découplage peut ouvrir de nouveaux continents de doute, repousser les frontières habituelles de la discipline et soulever un nouveau tumulte dans un paysage épistémologique jusque là assagi. Nous ne présentons aucunes excuses pour notre comportement désordonné, peu importe les coups que nous administrent sur les doigts quelques vieilles baguettes vigilantes. Nous savons qu’en défiant le paradigme élitiste de l’historiographie et des sciences sociales, nous sommes condamnés à offenser les gardiens des vérités officielles, abrités derrière leurs palissades libérales ou gauchistes.
De fait, nous sommes pas mécontents de nous engager dans le débat sur les problèmes soulevés par notre intervention. L’introduction d’une rubrique de débat dans la revue est un geste dans cette direction. Comme les deux contributions publiées dans cette rubrique le démontrent, nous ne refusons pas d’être soumis à la critique ni ne craignons d’y répondre. Nous souhaitons uniquement qu’elle demeure créative, non antagonique, un mouvement à la fois sérieux et expérimental dans un échange lucide qui ajoute de l’amplitude aux arguments plutôt que de chercher à les tuer pour avoir le dernier mot.
Pour le reste, ce volume continue de parler de la centralité de notre intérêt pour les thèmes subalternes, l’accent mis sur la relation entre activité et conscience, notre effort pour prouver l’association du pouvoir avec le discours. C’est une grande satisfaction que de nombreux jeunes chercheurs – Swapan Dasgupta, Ramachandra Guha et Tanika Sarkar- aient été rejoint par deux auteurs de stature internationale – Bernard S. Cohn et Gayatri Chakravorty Spivak- pour honorer ce volume de leurs contributions.
Ranajit Guha, Canberra Octobre 1985
David Arnold Recrutement bureaucratique et subordination dans l’Inde coloniale : la police (« Constabulary ») de Madras 1859-1947.
« L’élitisme qui a tant caractérisé les écrits sur l’histoire de l’Inde moderne, n’est nulle part plus évident que dans les études sur la bureaucratie coloniale. A travers de nombreuses études détaillées nous savons désormais beaucoup du background social et éducatif, de la formation professionnelle et de la carrière des membres de l’Indian Civil Service (ICS), mais nous ignorons presque entièrement les origines , attitudes et carrières du bien plus grand nombre d’indiens qui occupaient les rangs subordonnés de la bureaucratie coloniale. C’est un lieu commun de l’historiographie de l’Etat colonial de considérer cette élite administrative, réduite et fermée, comme « l’armature d’acier » du Raj et d’accepter de manière généralement non critique, l’image donnée d’elle même par l’administration, l’histoire de l’État colonial étant virtuellement réduite à celle de l’ICS et la chute de la domination britannique étant directement attribuée au déclin du recrutement européen et à « l’indianisation » progressive de l’ICS. En célébrant ainsi l’ICS, les historiens ont ignoré ou relégué dans l’obscurité d’un rôle mineur de soutier, les plusieurs milliers d’employés d’État subordonnés, sans lesquels aucune bureaucratie coloniale n’aurait été possible. » (p1-2)
« Sur le plan matériel, les policiers de base partageaient la pauvreté et l’exploitation des classes subalternes. Leur salaire ne s’élevait que rarement au-dessus de ceux des travailleurs non qualifiés et des ouvriers d’usine. Leurs conditions de vie et de travail ressemblaient étroitement à celles des travailleurs urbains. Les perspectives de promotion au-delà du statut de policier ( « Constabulary »), qui n’avaient jamais été bonnes, devinrent négligeables après 1905. (…) La stratification sociale au sein des forces de police reproduisait celle de la société coloniale à l’extérieur, jusqu’au désavantage subis par les policiers Harijan par rapport aux officiers Hindous de caste. La position du policier était celle d’une extrême subordination institutionnelle. » (p51)
Ramachandra Guha Sylviculture et protestation sociale dans le Kumaon Britannique 1893-1921
« Il est central, pour réaliser des analyses plus avancées du pourquoi et du comment des révoltes paysannes, d’étudier la structure socio-politique dans laquelle les protestations se manifestent, ses idiomes sociaux et culturels (i-compris religieux) et les liens entre un soulèvement particulier et ceux qui l’ont précédés dans le temps. On doit examiner de plus près les relations entre le haut et le bas de l’échelle sociale, de même que l’idéologie de ces relations. Car même là où la domination d’un groupe sur un autre peut s’expliquer en se référant au contrôle sur la terre et les ressources, on a toujours besoin d’examiner son institutionnalisation en termes sociaux et psychologiques. On serait alors en mesure de relier certains aspects de la rébellion avec certains aspects spécifiques de la domination et de la subordination.
Pour les paysan du Kumaon, la cohésion et l’esprit collectif de la communauté villageoise constituaient la source principale de leur action politique. La campagne étendue de 1921, quoique différente d’un mouvement social moderne dans ses buts et méthodes, était loin d’être une explosion spontanée de paysans illettrés réagissant aveuglément à l’expropriation d’une ressource cruciale à leur subsistance.(..) Ce qui s’exprimait au travers des protestations populaires c’était le conflit entre deux théories des relations sociales, qui tendaient à être deux visions du monde. » (p99-100)
Swapan Dasgupta Politique Adivasi à Midnapur 1760-1924
« L’expression changement économique dans la jungle Mahal est un euphémisme pour la perte de pouvoir politique des adivasi. Le processus entier d’assujettissement, de dépossession et d’usurpation de leurs droits traditionnels fut, pour eux, une expérience vécue collectivement. Leur réponse collective et leur conscience changeante constitue un enjeu central pour n’importe quelle histoire de la région.
La réaction initiale des adivasi, des chefs comme des paysans, à la domination coloniale et aux lois de ses émissaires, fut l’ahurissement. La préparation de la recension des droits de propriété et l’insertion dans un système moderne et rationalisé de revenus constituaient quelque chose d’entièrement nouveau pour les adivasi, qui n’avait pas été exposés à la toute puissance de la domination moghole. » (p116)
« Ce qui apparaît à travers ces actes (de résistance adivasi) courageux et solidaires c’est une conception alternative de la justice, issue d’un ensemble de valeurs entièrement différent. Les rebelles ne considéraient par leurs actes comme criminels, mais croyaient à la justesse de leur lutte. Ils n’avaient que peu d’estime pour la notion de propriété privée telle que postulée par la loi occidentale, et en tant que tel n’avaient que peu en commun avec la stratégie de Pratap Dal (un propriétaire terrien nationaliste). Ils croyaient en la moralité de leur lutte et affirmait leurs droits naturels à travers leurs activités communales traditionnelles comme la pèche, entreprise désormais sous la forme de pillage de réservoirs en soutien à l’insurrection. » (p134)
Tanika Sarkar Le mouvement de Jitu Santal a Malda : 1924-1932 : étude sur un mouvement de protestation tribal.
« Des mouvements populaires semblables ont été analysés historiquement de façons très différentes. Une tendance influente les catégorise fondamentalement comme des luttes de classe menées en réponse aux expropriations de terres tribales et marquées par une « teinte » religieuse ou une « tonalité » de « survivance (archaïque») recouvrant son contenu essentiellement de classe. Une approche différente, bien plus sensible aux problèmes de la conscience populaire, les considère comme étant basiquement des manifestations autonomes d’un anti-impérialisme tribal, comme une réponse politique, à la fois à l’oppression indigène et à la domination étrangère dans laquelle l’intervention d’une élite étrangère était insignifiante ou marginale. Le contenu religieux sera ici plus ou moins subsumé sous la protestation politique et vu comme une forme enracinée dans la culture tribale. Dans un sens, toutes ces tendances historiographiques qui s’opposent sont condamnées à être extérieures et éloignées du mouvement tel qu’il est perçu par ses participants. C’est plus ou moins inévitable en l’absence de témoignages écrits ou même, d’un corps solide de témoignages oraux laissé par les participants eux-mêmes. Quand seule l’action fournit le texte, une approche basée sur l’analyse des formes externes de l’activité devient presque inévitable. Occasionnellement néanmoins, même les documents officiels nous laissent des indices qui peuvent donner une vision approximative de l’état d’esprit des participants eux-mêmes. Heureusement un grand nombre d’habitants de Malda furent étroitement questionnés en 1926 au sujet de nombreux aspects du programme de Jitu et de ses activités. Cet ensemble d’informations jette une lumière sur les principes et le système de croyance qui fondaient les actions de Jitu et de ses suiveurs, et nous aide à comprendre la rationalité de moments de protestation aussi différents que le pillage des récoltes ou une programme de conversion qui suscita l’attaque contre une mosquée. » (p141)
David Hardiman De la coutume au crime : les politiques de la boisson dans le sud du Gujarat colonial.
« Tout indique que la boisson a occupé et continue à occuper une position centrale dans la vie d’un grand nombre de paysans indiens. Au siècle dernier les paysans buveurs ont démontré une aptitude remarquable de résistance aux tentatives faites par les fonctionnaires coloniaux et leurs homologues indiens pour restreindre la consommation des boissons alcooliques produites dans les villages. Ce fait en soi est digne d’étude. Pourquoi les classes subalternes se sont elles montrées si tenaces dans leur rejet tant des initiatives de l’État que des valeurs de l’élite ? Pour répondre à cette question nous devons relier les usages de la boisson chez les paysans à leurs conditions de vie. En faisant cela, nous devons éviter de tomber dans le piège qui consiste à essayer de comprendre la culture de la boisson paysanne dans les termes de notre propre rationalité ( qui a souvent un fort penchant économiciste). (…) Boire doit être considéré comme une action coutumière à rapprocher des formes de perception, des règles sociales et morales existantes ainsi qu’aux conditions de vie matérielles. » (p166)
« En 1893, Frederick Lelay rapportait qu’il avait entendu parler de familles adivasi « au sein desquelles « l’abstinence (« teetotalism ») était une coutume désormais ancienne ». Ces familles tendaient néanmoins a être les plus prospères, et tenaient donc à se distancier des autres membres de la communauté, car refuser de boire avec les autres, dans un communauté dans laquelle boire représentait un symbole de solidarité mutuelle, représentait un geste de renonciation à l’appartenance à la dite communauté. La différence entre ces types isolés de renoncement et les mouvements populaires de tempérance qui commencèrent à la fin du 19eme tenait au fait que ces derniers intervenaient alors que la communauté toute entière connaissait un processus de paupérisation et donc essayait de renoncer aux liqueurs et au toddy (alcool local). Au travers d’une telle réforme culturelle radicale ils espéraient se sauver d’un appauvrissement plus grand et aussi de rehausser le statut de leur communauté dans la région. (…) Refuser de boire représentait à la fois une posture morale et un nouveau symbole d’engagement en faveur du progrès commun. » (p212)
Gautham Bhadra Quatre rebelles de dix huit cent cinquante sept
« Dans toutes ces représentations ( historiques) ce qui est absent, c’est le rebelle ordinaire, son rôle et sa perception de la domination étrangère et de la crise de l’époque. Cette essai tente par contraste de réhabiliter certains des rebelles de 1857, qui ont déjà été oubliés par les historiens ou insuffisamment traités, avec au mieux un simple coup d’oeil dans leur direction. J’étudie quatre d’entre eux- un petit propriétaire terrien, un cultivateur appartenant à une communauté paysanne importante, un jeune pauvre et d’origine tribale et un Maulvi (lettré musulman). On peut dire de ces quatre figures qu’elles représentent dans leur diversité un assez grand nombre des personnalités insurgés, ordinaires mais complexes, de l’époque. Leaders d’un type bien différent des magnats fonciers bien connus, ils faisaient partis de ceux, qu’un fonctionnaire du district de Saharampur a pu décrire, peu après la révolte, comme « les quelques esprits actifs qui furent à l’origine et organisèrent ce mouvement dans diverses localités. » (p230)
« Chacun des quatre rebelles était fermement dévoué à sa cause. Ce sont eux qui ont fait que la poussée de l’insurrection en 1857 fut si violente et intransigeante. Néanmoins, leur compréhension partiale et empirique du monde limitait nécessairement la potentialité du mouvement.
Reconnaître les forces et faiblesses de ces rebelles serait un pas en avant dans la compréhension de leur rôle, au delà des catégories et des formules stéréotypées. Ils n’étaient pas de simples auxiliaires d’une tradition linéaire qui allait culminer dans l’appropriation du pouvoir par l’élite post-coloniale. Ils n’étaient pas non plus des jouets manipulées par cette dernière, dans un projet historique dont ils ne participaient pas. On ne peut pas non plus les décrire comme des éléments anonymes d’une catégorie fourre-tout comme le peuple. Chercher et restaurer la subjectivité spécifique des rebelles doit être une tâche majeure de la nouvelle historiographie. Ce serait la reconnaissance de cette vérité, que dans les conditions historiques données dans lesquelles il vit, l’homme se fait lui-même. » (p275)
Bernard S. Cohn L’ordre du langage et le langage de l’ordre
« Les années 1770-1785 peuvent être considérées comme la période de formation durant laquelle les britanniques commencèrent avec succès leur programme d’appropriation des langues indiennes pour en faire un composant crucial de leur système de domination. De plus en plus d’administrateurs britanniques apprenaient les langues classiques de l’Inde (Sanskrit, Perse et Arabe), ainsi que d’autres langues « vulgaires ». Plus important encore, ce fut la période durant laquelle les britanniques commencèrent à produire un appareil : des grammaires, des dictionnaires, des traités, des livres scolaires et des traductions à propos et à partir des langues de l’Inde (…)
La connaissance que ce petit groupe de fonctionnaires britanniques essayait de contrôler devait devenir l’instrument par lequel il pourrait émettre des ordres et collecter une quantité toujours plus importante d’informations. Cette information était nécessaire pour créer ou localiser des moyens bon marché et efficaces de calculer et collecter les impôts, de maintenir la loi et l’ordre, et elle servait à identifier et classifier les groupes au sein de la société indienne. Il fallait trouver des élites au sein de la société indienne à qui on pourrait faire comprendre qu’elles avaient intérêt au maintien de la domination britannique. Les stratégies et tactiques politiques devaient être crées et codifiées en une diplomatie par le biais de laquelle tous les pouvoirs du pays seraient convertis en alliés dépendants. Le vaste monde social qu’était l’Inde devait être classifié, catégorisé et délimité avant d’être hiérarchisé. (…) La formation discursive allait participer à la création et la réification de groupes sociaux et de leurs divers intérêts. Elle devait établir et régulariser un discours de différenciation qui venait remodeler la carte politique et sociale de l’Inde du 19ème. » (p282-285)
DISCUSSION
Gayatri Chakravorty Spivak Subaltern studies : déconstruire l’historiographie
« Le groupe des Subaltern Studies (…) propose deux choses : tout d’abord que le moment du changement doit être pluralisé et présenté comme une confrontation plutôt que comme une transition (c’est à dire plus en rapport avec les histoires de la domination et de l’exploitation qu’avec le grand récit des modes de production) et deuxièmement, que de tels changements sont signalés ou marqués par un changement dans les systèmes de signes. Le plus grand changement fonctionnel est le passage du religieux au militant. Mais il y a néanmoins, beaucoup d’autres changements fonctionnels dans les système ds signes indiqués dans cette collection : du crime à l’insurrection, du travailleur servile à l’ouvrier, etc
Le résultat le plus significatif de cette révision et de ce changement de perspective c’est que l’agency du changement se trouve chez l’insurgé et le subalterne . » (p330)
Dipesh Chakrabarty Invitation à un dialogue
« (Le terme subalterne) se réfère a la nature spécifique des relations de classe en Inde, où ces relations, à tous les niveaux, sont subsumées sous les relations de domination et de subordination entre les membres de l’élite et les classes subalternes. Pour revenir à notre métaphore, le langage de classe en Inde n’empiète qu’en de rares occasions sur le langage de politique et de la citoyenneté. Pour la plus grande partie de notre expérience quotidienne, les relations de classe s’expriment dans cet autre langage de la politique, qui est la politique d’une nation sans citoyens. C’est dans ce cadre que les notions de hiérarchie, de domination et de subordination s’éclairent, de même que les traditions de résistance à la domination et de déférence au dominant. La « subalternité » – la culture composite de résistance et d’acceptation de la domination et de la hiérarchie- est caractéristique des rapports de classes dans notre société, où le vernis de l’égalité bourgeoise masque à peine la nature féodale et violente de la plus grande partie de notre système de pouvoir et d’autorité. »